Christian Louis : autoportrait

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Charles Greveldinger - l’IndÉpendant

Il est passé, sans crier gare il arrive à Céret. Il est là avec Martine, il est égal à lui-même : le cheveu coiffé mouillé, la pipe au bec, un drôle de tabac à moins que ce ne soit du pain d’épices et le grand parka avec des poches jusqu’aux genoux où l’on devine qu’il a enfourné le matériel de survie : un couteau, de la ficelle, des numéros de téléphone internationaux, des pellicules photos, un cure-pipe, quelques demis, une fidélité à toute épreuve et une amitié grosse comme ça.

Il parle de Laurent, de Sylvie, d’Amalia mais aussi de tous les autres qu’il porte en lui où qu’il soit, où qu’il aille comme un fraternel foyer. Il raconte les gens qu’il a vus, on ne les connaît pas, mais on lui fait confiance. Martine rit, de toute sa fraîcheur, de toute sa générosité, de toute sa prévenance ardente. Il vous demande comment va la vie, comment vont les espoirs. On est bien.On échange nos livres. Il est reparti ? Nous parcourons, je le sais et j’en rêve les mêmes inquiétudes et les mêmes passions

Le photographe dit le plus souvent, en des contre-jours somptueux aux ombres démesurées, (comme annonciatrices d’un obscur crépuscule) la solitude des humains, au regard habité de perplexité. Christian Louis y exprime aussi son attachement aux choses simples, à la quotidienneté des humbles.

Chasseur d’images

Quand Christian Louis fait son marché, il en revient l’appareil plein de vie, de sourires, et d’instants « grappillés » aux gens de la rue. Les p’tits marchés de Paris, il les connaît bien ! Chaque jour différents et pourtant immuables. Les gamins et leurs listes de courses, le volailler rigolard, et le marchand de légumes chahuteur. Les p’tits marchés de ce livre sont ceux d’aujourd’hui avec leurs balances électroniques et les éclairages publics au sodium mais les commerçants sont toujours bruyants et vivants.

Serge Remy - L’HumanitÉ Dimanche

Tout est dans l’œil, dans cette façon unique de parfois raconter ce qu’on peut voir sans se départir jamais de cette curiosité goùteuse d’humanité.

« Le piéton de Romainville » pourrait bien être le pan d’une trilogie signée du photographe Christian Louis commencée en 1977 avec Aubervilliers, puis en 1987 avec le Blanc Mesnil. Saisir le bruit des pavés lustrés par la pluie, se faufiler le long des vitrines anciennes, happer cette silhouette de femme sorte d’ange trottinant dans les allées du cimetière ou bien encore ce couple « fellinien » pour un bal de fête nationale.

C’est la première fois qu’une ville passe commande et donne carte blanche à un photographe, c’est assez rare pour le noter. Songer à agripper la banlieue loin des villes nouvelles et de la violence, mais plutôt dans ce qu’elle développe comme chant de la poésie. Penser à Prévert, les deux frères dans la scénographie de l’exposition dessinée par un des élèves de Christian Louis qui rappellera l’atmosphère de leurs films.

Laure Bazantay - Christian Louis Ticket de Quai

Vision nostalgique d’un présent menacé. Thème littéraire, « l’île » mais aussi sujet d’élection pour images. Ilots préservés d’humanité chaque jour plus précaires. Les fixer, non pour tenter de les sauver, la prétention de Christian Louis est tout autre, pour témoigner, communiquer des frissons dans le dos. « Il est plus facile de photographier la Défense d’où l’homme est absent. Quand il y a des hommes, on est forcé de s’investir, d’écouter… »

Il ne fait pas de reportage. Il n’a pas lu Proust, il l’avoue, mais avec lui, il s’agit d’une écriture lente qui s’efforce de comprendre, sans forcément aimer. Le désuet ne risque pas de devenir stéréotype, mais canalise la violence, appelle au voyage, « là où les fantasmes m’entraînent » une fois la technique digérée, domestiquée. Le plaisir à travailler réside maintenant dans le fait de donner de façon parcellaire, très subjective quelques fragments de réponse aux interrogations que lui propose le spectacle des évènements, des gens….

Christian Louis ne reste pas spectateur en retrait, extérieur. Il préfère pénétrer ces mondes clos, ne pas en être rejeté surtout